Dans de très nombreux groupes humains, le seul mot par lequel les membres désignent leur groupe ethnique est le mot «hommes». L'assimilation de l'ethnie à une sorte de «moi» idéal, réunissant les qualités du bien et du beau, fait opposition à la tendance à placer au delà du monde familier les peuples monstrueux qui réalisent dans leur aspect et dans leurs mœurs, au maximum, le mal et la laideur. ANDRÉ LEROI-GOURHAN - Le Geste et la Parole, t. I, p. 12.
Que serait donc un homme à ses propres yeux, s'il ne représentait que soi-même? Que chacun de nous tourne la tête sur son épaule, il voit une suite indéfinie de mystères, dont les âges les plus récents s'appellent la France. Nous sommes le produit d'une collectivité qui parle en nous.
MAURICE BARRÈS - La Terre et les Morts, p. 20.
Mais le langage et l’expression littéraire ne sont pas une même chose. Tenter d’étudier un mythe uniquement sur ses formes littéraires – c’est-à-dire conscientes et réfléchies -, c’est à peu près comme si on voulait déterminer les mœurs d’une collectivité d’après son droit écrit.
JEAN-PAUL SARTRE – Critiques Littéraires (Situations I) – L’amour et l’occident – p. 62
Mais Parain ne saurait négliger la vie historique des mots; il affirme comme par le passé que les mots changent de sens selon la collectivité qui les emploie.
JEAN-PAUL SARTRE – Critiques littéraires (Situations I) - Aller et retour p. 205
Les rapports entre les individus et les groupes reposent sur un postulat qui est à la base de toutes les relations sociales et qui veut que tout don mette celui qui l'a reçu dans l'obligation de faire un contre-don au moins de même valeur. Quiconque faillirait à cette obligation serait l'objet de la réprobation générale et mis au ban de la société [...] Ainsi s'établit un courant de dons et de contre-dons; entre des collectivités différentes il favorisera l'échange de marchandises.
FRANÇOISE GIRARD - La Nouvelle Guinée, La société, in Encycl. Pl., Ethnologie régionale, t. I, p. 1085
À l'intérieur de tout groupe social, le plus petit comme le plus grand, le plus primitif comme le plus évolué, le plus éphémère comme le plus durable, naît une distinction fondamentale entre les «gouvernants» et les «gouvernés» [...] En définitive, la différence la plus profonde qui sépare les diverses catégories de régimes politiques repose sur le fait que les gouvernants y sont ou non l'émanation d'élections générales et sincères.
MAURICE DUVERGER - Les Régimes politiques, p. 5 et 11
D'une manière générale et quasi universelle, l'homme qui cultive la terre ne la cultive pas pour lui seul, mais pour un groupe familial ou social [...]
JEAN BRUNHES - La Géographie humaine, t. I, p. 53-55.
Dans cette vieille antipathie pour ce qu'on appelle la mainmorte, il y a à la fois une cause économique, l'idée que les biens appartenant à des collectivités seront mal administrés et en tout cas retirés de la circulation et du commerce pour une durée indéfinie, et plus encore une cause politique, la crainte de voir ces associations devenues puissantes se dresser contre l'État et se substituer à lui pour les grands services sociaux.
CHARLES GIDE - Cours d'économie politique, t. III, p. 155.
Nous savons maintenant, par les études publiées qui complètent l'expérience pratique, que la grande entreprise «moderne» ne se contente pas d'être une unité économique (ou une concentration d'unités) ni de faire pression sur la politique, mais qu'elle tend à envahir la pratique sociale. Elle propose à la société entière sa rationalité comme modèle d'organisation et de gestion. Elle supplante la ville et veut en accaparer le rôle; la «société», entreprise ou compagnie, s'empare de fonctions qui appartenaient à la ville et devraient demain appartenir à la société urbaine: logement, éducation, promotion, loisirs, etc.
HENRI LEFEBVRE - La Vie quotidienne dans le monde moderne, p. 129.
Chaque famille sécrète un ennui intérieur et spécifique qui fait fuir chacun de ses membres (quand il lui reste un peu de vie). Mais elle a aussi une antique et puissante vertu, qui réside dans la communion autour de la soupe du soir, dans le sentiment d'être entre soi, et sans manières, tels que l'on est — groupe de gens qui sont entre eux tels qu'ils sont. On pourrait donc conclure que la famille est un milieu où le minimum de plaisir avec le minimum de gêne, font ménage ensemble.
PAUL VALÉRY - Suite, p. 127.
La moindre culture représente un effort et un plan — une prévision du lendemain […] D'une manière générale et quasi universelle, l'homme qui cultive la terre ne la cultive pas pour lui seul, mais pour un groupe familial ou social […] Tous les faits d'exploitation de la terre sont multipliés et perfectionnés en vue de cette fin sociale […] Dès que les hommes veulent en effet utiliser les ressources et les richesses naturelles, ils doivent résoudre non seulement des problèmes techniques — cultures, mines, etc., — mais encore des problèmes de coordination et de subordination de leurs propres effets.
JEAN BRUNHES -La Géographie humaine, t. I, p. 53-55.
L'homme […] est un animal social. Il ne peut vivre qu'en groupe. L'importance du groupe varie au cours de l'histoire. C'est tantôt une famille, tantôt une tribu, tantôt un ordre, tantôt une secte, tantôt une nation.
ANDRÉ MAUROIS - Étude sur Bergson, IV